Emma Bovary : entre sentiment et apparence Sofia Giuli
Le sentiment c’est un “état affectif complexe et durable lié à certaines émotions ou représentations”, mais que dans certains contextes ne peut pas être montré.
C’est le cas d’Emma Bovary, célèbre personnage du roman homonyme de Gustave Flaubert.
En effet, Emma vit dans une période historique dominée par la bourgeoisie croissante et par ses mœurs. Cette morale pousse à un comportement apparemment vertueux : il faut mener une vie impeccable. Cela implique d’agir de façon hypocrite, surtout parce qu’en vérité au-delà de l’apparence il y a une réalité faite de tromperie. A travers ses personnages, Gustave Flaubert critique ces coutumes bourgeoises.
Le personnage d’Emma est utilisé à cette fin aussi: elle respecte toutes les conventions sociales, elle ne montre jamais en public son mécontentement à l’égard de sa vie et de son mari, Charles (“Mais, moi, reprenait Emma, c’est après le mariage que ça m’est venu”). Mais, malgré la morale bourgeoise, madame Bovary ne peut pas s’interdire de manifester ses sentiments envers un autre homme, Léon, le clerc de Yonville (“Emma reprit le bras de M. Léon” ; “Son regard qu’elle promenait devant elle rencontra l’épaule du jeune homme”) : elle a des attentions particulières envers lui (“Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d’or. Emma, de loin, l’entendait venir ; elle se penchait en écoutant”). Pour sa part, Léon renforce le lien qui s’est créé entre eux et qui lentement se transforme en une liaison plus profonde et tendre, une sorte d’amour platonique (“Elle avait apporté son journal de modes [...] . Souvent elle le priait de lui lire des vers ; Léon les déclamait d’une voix traînante et qu’il faisait expirer soigneusement aux passages d’amour; Alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu’ils avaient leur semblait plus douce, parce qu’elle n’était pas entendue. Ainsi s’établit entre eux une sorte d’association). Charles n’en est pas troublé, lequel résulte être - aux yeux de ses détracteurs - un homme naïf et un peu imbécile (“M. Bovary, peu jaloux, ne s’en étonnait pas.”)
D’autre côté, la protagoniste doit tenir compte de l’usage bourgeois, lequel impose une vie parfaite et sans troubles vis-à-vis de la société (“Elle était si triste et si calme, si douce à la fois et si réservée, que l’on se sentait près d’elle pris par un charme glacial” ; “Ce qui la retenait, sans doute, c’était la paresse ou l’épouvante, et la pudeur aussi”).
Pour cette raison les deux amants doivent couper le fil rouge qui les relie, au moins pour le moment. Par conséquent, Léon renonce de faire sa déclaration d’amour (“Il se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration [...]. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser ; mais cette résolution l’abandonnait bien vite en la présence d’Emma”), et Emma, après s’être interrogée sur ses sentiments (“L’amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, [...] arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l’abîme le cœur entier” )
évite de le voir, mais sans succès ( Elle était amoureuse de Léon, et elle recherchait la solitude [...] . La vue de sa personne troublait la volupté de cette méditation.), ou encore refuse ses sentiments en essayant de se convaincre qu’ils ne sont pas là (Mais plus Emma s’apercevait de son amour, plus elle le refoulait, afin qu’il ne parût pas, et pour le diminuer. ) .
Donc, les conventions sociales ne permettant pas d’exprimer librement sa propre personnalité forcent les êtres humains, les plus faibles, les plus démunis, à vivre une vie autre que la leur.
Tout particulièrement Emma qui a une vision romanesque et donc idéalisée et idyllique de la vie en raison de ses lectures romanesques.
très bien, ça se lit !
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