Le sentiment de Rodolphe : séduction ou
amour ?
Rodolphe va séduire Emma → attitude
affectueuse (compliments, mots doux) → Emma tombe amoureuse → indifférence de
Rodolphe
La liaison d'Emma et Rodolphe est
principalement fondée sur l'attraction physique.
Rodolphe va séduire Emma avec un seul
objectif : le sexe, étant donné qu’il est à la recherche d’une liaison
charnelle. Avec des compliments et des
mots doux Rodolphe, jeune et riche, emploie peu de temps pour obtenir ce qu’il
veut :
« Ils
s’assirent sur un tronc d’arbre renversé, et Rodolphe
se mit à lui parler de son amour. Il ne l’effraya point d’abord par des
compliments. Il fut calme, sérieux, mélancolique. »
Emma se laisse embobiner par les attentions du
propriétaire avec une facilité désarmante. Elle ne vit pas heureusement son
mariage, c’est pourquoi elle retrouve dans la figure de Rodolphe (qu’Emma
idéalise) ce dont elle a toujours rêvé.
« Oui, je pense à vous continuellement !... Votre
souvenir me désespère ! Ah ! pardon !... Je vous quitte... Adieu !... J’irai
loin... si loin, que vous n’entendrez plus parler de moi !... Et cependant...
aujourd’hui... je ne sais quelle force encore m’a poussé vers vous ! Car on ne
lutte pas contre le ciel, on ne résiste point au sourire des anges ! on se
laisse entraîner par ce qui est beau, charmant, adorable ! C’était la première
fois qu’Emma s’entendait dire ces choses ; et son orgueil, comme quelqu’un qui
se délasse dans une étuve, s’étirait mollement et tout entier à la chaleur de
ce langage. »
On peut bien dire que madame Bovary tombe
amoureuse d’une illusion, d’un idéal créé par son imagination et par son désir
de vivre l’histoire d’amour qu’elle a toujours voulue, une histoire digne des
grands romans qu’elle aime lire.
« Elle se répétait : J’ai un amant ! un amant ! […]
Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur
dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où
tout serait passion, extase, délire »
Emma tombe amoureuse de Rodolphe :
« Emma
tourna la clanche d’une porte, et tout à coup, au fond de la chambre, elle
aperçut un homme qui dormait. C’était Rodolphe. Elle poussa un cri. – Te voilà
! te voilà ! répétait-il. Comment as-tu fait pour venir ?... Ah ! ta robe est
mouillée ! – Je t’aime ! répondit-elle en lui
passant les bras autour du cou. »
Mais quand elle va se déclarer, Rodolphe va
changer d'attitude. L'indifférence va prendre le dessus sur son sentiment, ou
mieux l'objectif de sa séduction :
« Mais
elle était si jolie ! il en avait possédé si peu d’une candeur pareille ! Cet
amour sans libertinage était pour lui quelque chose de nouveau, et qui, le
sortant de ses habitudes faciles, caressait à la fois son orgueil et sa
sensualité. L’exaltation d’Emma, que son bon sens bourgeois dédaignait, lui
semblait au fond du cœur charmante, puisqu’elle s’adressait à sa personne. Alors, sûr d’être aimé, il ne se gêna pas, et
insensiblement ses façons changèrent. Il n’avait plus, comme autrefois, de ces
mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces véhémentes caresses qui la
rendaient folle ; si bien que leur grand amour, où elle vivait plongée, parut
se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit,
et elle aperçut la vase. Elle n’y voulut pas croire ; elle redoubla de
tendresse ; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indifférence. »
Le changement de Rodolphe sera déterminant
pour sa liaison avec Emma, bientôt destinée à terminer.
En conclusion, on peut affirmer que la liaison
d’Emma et Rodolphe naît de la séduction : Rodolphe profite de ses qualités (il
représente une sorte de status symbol de nos jours) pour séduire Emma
Bovary, qui tombe amoureuse d'un homme idéalisé par elle-même, où elle
recherche ces idéaux loués dans les romans de son adolescence et que -
malheureusement - son mari Charles n'incarne pas.
Francesca Gioia
très bien, Francesca.
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