Le sentiment de Rodolphe : séduction ou amour ? - par Francesca Gioia


Le sentiment de Rodolphe : séduction ou amour ?


Rodolphe va séduire Emma → attitude affectueuse (compliments, mots doux) → Emma tombe amoureuse → indifférence de Rodolphe



La liaison d'Emma et Rodolphe est principalement fondée sur l'attraction physique.
Rodolphe va séduire Emma avec un seul objectif : le sexe, étant donné qu’il est à la recherche d’une liaison charnelle.  Avec des compliments et des mots doux Rodolphe, jeune et riche, emploie peu de temps pour obtenir ce qu’il veut :

« Ils s’assirent sur un tronc d’arbre renversé, et Rodolphe se mit à lui parler de son amour. Il ne l’effraya point d’abord par des compliments. Il fut calme, sérieux, mélancolique»

Emma se laisse embobiner par les attentions du propriétaire avec une facilité désarmante. Elle ne vit pas heureusement son mariage, c’est pourquoi elle retrouve dans la figure de Rodolphe (qu’Emma idéalise) ce dont elle a toujours rêvé.

« Oui, je pense à vous continuellement !... Votre souvenir me désespère ! Ah ! pardon !... Je vous quitte... Adieu !... J’irai loin... si loin, que vous n’entendrez plus parler de moi !... Et cependant... aujourd’hui... je ne sais quelle force encore m’a poussé vers vous ! Car on ne lutte pas contre le ciel, on ne résiste point au sourire des anges ! on se laisse entraîner par ce qui est beau, charmant, adorable ! C’était la première fois qu’Emma s’entendait dire ces choses ; et son orgueil, comme quelqu’un qui se délasse dans une étuve, s’étirait mollement et tout entier à la chaleur de ce langage. »

On peut bien dire que madame Bovary tombe amoureuse d’une illusion, d’un idéal créé par son imagination et par son désir de vivre l’histoire d’amour qu’elle a toujours voulue, une histoire digne des grands romans qu’elle aime lire.

« Elle se répétait : J’ai un amant ! un amant ! […] Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire »

Emma tombe amoureuse de Rodolphe :

« Emma tourna la clanche d’une porte, et tout à coup, au fond de la chambre, elle aperçut un homme qui dormait. C’était Rodolphe. Elle poussa un cri. – Te voilà ! te voilà ! répétait-il. Comment as-tu fait pour venir ?... Ah ! ta robe est mouillée ! – Je t’aime ! répondit-elle en lui passant les bras autour du cou. »

Mais quand elle va se déclarer, Rodolphe va changer d'attitude. L'indifférence va prendre le dessus sur son sentiment, ou mieux l'objectif de sa séduction :

« Mais elle était si jolie ! il en avait possédé si peu d’une candeur pareille ! Cet amour sans libertinage était pour lui quelque chose de nouveau, et qui, le sortant de ses habitudes faciles, caressait à la fois son orgueil et sa sensualité. L’exaltation d’Emma, que son bon sens bourgeois dédaignait, lui semblait au fond du cœur charmante, puisqu’elle s’adressait à sa personne. Alors, sûr d’être aimé, il ne se gêna pas, et insensiblement ses façons changèrent. Il n’avait plus, comme autrefois, de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces véhémentes caresses qui la rendaient folle ; si bien que leur grand amour, où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit, et elle aperçut la vase. Elle n’y voulut pas croire ; elle redoubla de tendresse ; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indifférence. »

Le changement de Rodolphe sera déterminant pour sa liaison avec Emma, bientôt destinée à terminer.

En conclusion, on peut affirmer que la liaison d’Emma et Rodolphe naît de la séduction : Rodolphe profite de ses qualités (il représente une sorte de status symbol de nos jours) pour séduire Emma Bovary, qui tombe amoureuse d'un homme idéalisé par elle-même, où elle recherche ces idéaux loués dans les romans de son adolescence et que - malheureusement - son mari Charles n'incarne pas.






Francesca Gioia



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