Les velléités de Léon et d’Emma
(p. 209 à 254)
«Pendant qu’elle le considérait, goûtant ainsi
dans son irritation une sorte de volupté dépravée, Léon s’avança d’un pas. Le froid qui le pâlissait semblait déposer sur sa figure
une langueur plus douce ; entre sa cravate et son cou, le col de la chemise, un
peu lâche, laissait voir la peau ; un bout d’oreille dépassait sous une mèche
de cheveux, et son grand œil bleu, levé vers les nuages, parut à Emma plus
limpide et plus beau que ces lacs des montagnes où le ciel se mire.» pg.
209
C’est l’une des
premières rencontres entre Léon et Emma: il y a une vision et une description de Léon et de son être
extrêmement idyllique.
Elle, lectrice
endurcie des romans d’amour, a une conception de l’amour aux limites de
l’invraisemblable.
«Et, pinçant ses lèvres, elle tira lentement une
longue aiguillée de fil gris. Cet ouvrage irritait Léon. Les doigts d’Emma
semblaient s’y écorcher par le bout ; il lui vint en
tête une phrase galante, mais qu’il ne risqua pas. » pg. 217
On peut remarquer fortement la différence
entre les deux: lui, il est toujours réticent à faire des avances, Emma – au
contraire – poussera les choses plus loin.
«[...]et lorsque Léon le voyait au coin du feu,
après le dîner, les deux mains sur son ventre, les deux pieds sur les chenets,
la joue rougie par la digestion, les yeux humides de bonheur, avec l’enfant qui
se traînait sur le tapis, et cette femme à taille mince qui par-dessus le
dossier du fauteuil venait le baiser au front : « Quelle folie ! se disait-il, et comment arriver jusqu’à
elle ? » Elle lui parut donc si vertueuse et inaccessible, que toute espérance,
même la plus vague, l’abandonna.» pg. 219/220
Dans ce passage,
Léon n’arrive pas à s’expliquer pour quelle raison Emma aime Charles et non pas
lui, pour quelle raison elle le considère moins que Charles, malgré sa jeunesse
et son charme par rapport à l’autre.
«Léon était las d’aimer
sans résultat, puis il commençait à sentir cet accablement que vous cause la
répétition de la même vie, lorsque aucun intérêt ne la dirige et qu’aucune
espérance ne la soutient. Il était si ennuyé d’Yonville et des Yonvillais, que
la vue de certaines gens, de certaines maisons l’irritait à n’y pouvoir tenir
(comparaison d’Emma);… Prenant donc un parti
moyen, Léon chercha quelque place de second clerc à Rouen, n’en trouva pas, et
écrivit enfin à sa mère une longue lettre détaillée, où il exposait les raisons
d’aller habiter Paris immédiatement. Elle y consentit. » pg. 241/242
Léon est désormais résigné. Il a longtemps
aimé Emma, mais sans résultat et il commence à s’ennuyer d’ Yonville et de ses
villageois. Emma aussi et décide de s’installer ailleurs afin de se libérer de
ce malaise pour survivre.
«[...]Léon la sentit entre ses doigts, et la
substance même de tout son être lui semblait descendre dans cette paume humide.
Puis il ouvrit la main; leurs yeux se rencontrèrent encore, et il disparut.
» pg.245/246
Pour la première
fois il y a un contact physique entre les deux pour se quitter avant le séjour
de Léon à Paris: un baisemain. Elle cherche à se tendre vers lui, mais il ne va
plus loin qu’elle, il la évite et puis disparaît.

«Dès lors, ce souvenir
de Léon fut comme le centre de son ennui…
elle allait cherchant tout autour
d’elle ce qui pouvait l’aviver davantage ; et les réminiscences les plus
lointaines comme les plus immédiates occasions, ce qu’elle éprouvait avec ce
qu’elle imaginait, ses envies de volupté qui se dispersaient, ses projets de
bonheur qui craquaient au vent comme des branchages morts, sa vertu stérile,
ses espérances tombées, la litière domestique, elle ramassait tout, prenait
tout, et faisait servir tout à réchauffer sa tristesse.
» p.254
C’est le moment
final, il est désormais parti, elle se retrouve seule, elle-même et ses
pensées, ses lointains souvenirs, elle, comme d’habitude, regrette ce qu’elle
n’a pas pu faire. Mais il y a toujours une correspondance entre Emma et Léon:
lui sans elle et elle sans lui, ils s’ennuient.
Eleonora
Palombi
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