Rodolphe vu par la morale de l’époque
Madame Bovary c’est un livre qui a provoqué un certain bruit autour de lui, en considérant l’époque où il a été écrit et les thèmes qu’il traite. Ce roman va causer un procès pour immoralité. Le Ministère public va publier une réquisitoire contre M. Gustave Flaubert écrit par M. l’avocat impérial.
Les accusations sont deux : outrages à la morale publique et à la religion.
L’avocat fait un bref résumé de l’intrigue en identifiant dans le personnage de Rodolphe des éléments scandaleux qui vont contre la rigueur morale de l’époque.
Au début, Rodolphe est présenté comme un homme vil, qui commence une liaison adultérine avec Emma et accepte, sans scrupules, les cadeaux d’une femme mariée :
“Parcourant tous les degrés de l’humiliation, madame Bovary va chez Rodolphe ; elle ne réussit pas, Rodolphe n’a pas 3000 francs”
Un homme avec une vraie rigueur morale n’aurait jamais accepté de cadeau de sa part.
Il est clair que l’avocat critique aussi l’apparente exaltation des coutumes immorales, dans ce cas l’homme va citer la première rencontre d’Emma et Rodolphe :
« Qu’est-ce qui a séduit Rodolphe et l’a préparé ? Le gonflement de l’étoffe de la robe de madame Bovary qui s’est crevée de place en place selon les inflexions du corsage !»
D’après le ministère public, donc, Rodolphe se fait attirer par ce gonflement de l’étoffe, considéré une chose totalement indécente. Ėlément, l’attraction sexuelle, qui se pose à la base de leur rapport adultérin, mais du point de vue de Rodolphe seul. Emma, en fait, cherche l’amour des romans qu’elle lit dans leur relation.
Plus tard, l’avocat va analyser quatre scènes qui, selon lui, constituent un outrage à la morale publique et à la religion.
“La première, ce sera celle des amours et de la chute avec Rodolphe ; la seconde, la transition religieuse entre les deux adultères ; la troisième, ce sera la chute avec Léon, c’est le deuxième adultère, et, enfin, la quatrième, que je veux citer, c’est la mort de madame Bovary”
L'accusation, à laquelle va répondre l'avocat défenseur de M. Flaubert c’est la suivante : glorification de l'adultère. Selon lui, Flaubert à l’intention d’exalter un aspect immorale de la société.
On va voir la scène incriminée:
« Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit. Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna. »
(…)
«Messieurs, tout est pâle devant cette glorification de l’adultère, même les rendez-vous de nuit, quelques jours après»
Mais l'avocat Senard, qui prête sa voix à M. Flaubert, cherche à se défendre de cette accusés:
“Je n’ai qu’un mot à vous dire sur cette scène, il n’y a pas de détails, pas de description, aucune image qui nous peigne le trouble des sens ; un seul mot nous indique la chute : « elle s’abandonna »”
Pour M. Senard c’est facile de réfuter ces accusations, parce qu’il s’agit d’une erreur de perspective de lecture : les phrases incriminées n’expriment pas le point de vue du narrateur ou de son auteur, c’est plutôt l’opinion subjective du personnage. Et le personnage de Rodolphe aussi suit ce processus. Il ne représente pas la figure de l’amant plus beau et plus désirable par rapport à Charles, pas l’homme à qui une femme doit aspirer, mais un homme vil qui voit Emma seulement comme un objet.
En effet, lui-même (Flaubert) décrit Rodolphe dans la plaidoirie de cette manière:
“Rodolphe, qui s’est révélé si vil, lui donne une dernière preuve d’égoïsme et de lâcheté. Elle lui dit : « Emmène-moi ! Enlève-moi ! J’étouffe, je ne puis plus respirer dans la maison de mon mari dont j’ai fait la honte et le malheur. » Il hésite ; elle insiste, enfin il promet, et le lendemain elle reçoit de lui une lettre foudroyante, sous laquelle elle tombe, écrasée, anéantie. Elle tombe malade, elle est mourante.”
Après avoir obtenu ce qu’il voulait, plus rien ne lui importe.
En conclusion, on peut voir le personnage de Rodolphe critiqué selon deux points de vues différentes: l’auteur, qui représente un personnage vil, lâche et égoïste cherchant dans sa relation avec Emma un rapport fondé sur l’attraction physique, et d’après le Ministère Public, son personnage est une sorte d’exaltation de l'adultère et de la vie vicieuse.
Mais la description d’un personnage comme Rodolphe, aussi bien que des autres personnages de Madame Bovary, se doit de représenter de manière réaliste la société de l’époque , sans qu’elle puisse représenter un danger et être objet de censure. Au contraire, il est nécessaire pour bien comprendre les erreurs humaines provoquées par une vie immorale.
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