Un prix à remporter - par Giorgia Tarquini

Un prix à remporter







Dans la deuxième partie du roman Madame Bovary, au Chapitre 7, Rodolphe apparaît pour la première fois :

"– Dites-lui que M. Rodolphe Boulanger de la Huchette est là.” (p. 261)

Rodolphe est un aristocrate, très ingénieux, qui aime les femmes et qui a décidé de séduire Emma Bovary : 

“M. Rodolphe Boulanger avait trente-quatre ans ; il était de tempérament brutal et d’intelligence perspicace, ayant d’ailleurs beaucoup fréquenté les femmes, et s’y connaissant bien. Celle-là lui avait paru jolie ; il y rêvait donc, et à son mari.” (p. 267)

Par ailleurs, c’est un homme qui a de l’expérience en matière d’amour et qui sait comment se rapprocher d’une femme de manière ingénieuse : 

– Oui ! tant de choses m’ont manqué ! toujours seul ! Ah ! si j’avais eu un but dans la vie, si j’eusse rencontré une affection, si j’avais trouvé quelqu’un... Oh ! comme j’aurais dépensé toute l’énergie dont je suis capable, j’aurais surmonté tout, brisé tout !” (p. 285-286)). 

Toutefois, il n’est pas vraiment capable d’aimer. 
Par conséquent, il tente de séduire Emma en se faisant passer pour un romantique (évocation de sa mélancolie, de sa tentation de suicide, du clair de lune...) :

 “ [...] à la vue d’un cimetière, au clair de lune, je me suis demandé si je ne ferais pas mieux d’aller rejoindre ceux qui sont à dormir…" (p. 284)

Donc, Rodolphe agit dans le seul but d’un amour qui se vit par la sexualité, même s'il ne le montre pas :

(“– Est-ce que vous êtes amoureux ? fit-elle en toussant un peu. 
– Eh ! eh ! qui sait ? répondit Rodolphe.”   (p. 280)).

Et voici comment Emma le voit :
“– Il me semble pourtant, dit Emma, que vous n’êtes guère à plaindre. 
– Ah ! vous trouvez ? fit Rodolphe. 
– Car enfin..., reprit-elle, vous êtes libre. Elle hésita : 
Riche.
– Ne vous moquez pas de moi, répondit-il.”  (p. 285-286)

Rodolphe sait bien ce qu’il faut dire pour impressionner une femme simple et provinciale comme Emma, il suffit déjà de « causer rêves, pressentiments, magnétisme » (“Rodolphe, avec madame Bovary, causait rêves, pressentiments, magnétisme.” (p.304) ); cependant, s'il ne désire que le corps et la soumission d’Emma, Emma désire l’amour romanesque et lui court après, mais elle n’est que la proie de ce prédateur. 

En fin de compte, dans cette scène de séduction c'est intéressant d’observer que, pendant que Rodolphe s’approprie de plus en plus Emma, le résultat c'est que leur rapprochement fait d’Emma ce qu’elle semble bien être pour ce séducteur qu’est Rodolphe: un prix à remporter!


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